Le vendeur habitait près de chez moi, nous nous sommes rencontrés, j'ai hésité et j'ai finalement craqué pour cette superbe assiette murale d'Alexandre Bigot.
Cette assiette murale est à rapprocher d'un autre modèle dont j'ai récupéré la photo sur internet. Mon exemplaire représente vraisemblablement également un motif floral, une fleure à 5 pétales très stylisée, peut être une fleure d'azalée ou de lin..
La taille, la terre, l'émaillage, la cuisson sont similaires mais le marquage est différent, "Bigot" pour l'une et le symbole de la Tour avec inscription "Grès de Bigot" pour l'autre. Pourquoi une tour comme symbole?
La présence d'une série de chiffres apparaît au dos de chaque assiette (gravée en creux sur l'une, à l'encre sur l'autre). Après examen rapide de ces inscriptions, il y a peu de rapport, celle à l'encre est peut être postérieur à la fabrication. Un cache pot de Bigot fait apparaître également une inscription en creux avec la même lettre D suivi de 14.
Toutes ces indications sont bien mystérieuses, il doit s'agir d'indications propre au céramiste dont la signification est aujourd'hui pour moi incompréhensible.
J'avais fait en juillet-2013 déjà l'acquisition d'un petit vide poche d'inspiration art nouveau, issu de la collaboration de Bigot et de L Guigues, un artiste que je n'avais pas réussis à identifier. Récemment un internaute que je remercie encore m'a précisé qu'il s'agissait de Louis-Jacques Guigues (1873-1943), dit aussi Louis ou Ludwig, sculpteur élève de Rodin, ami de Camille Claudel qui avait un atelier à Montpellier et qui fut l'un des maîtres de Germaine Richier.
Bigot reste pour moi un artiste à redécouvrir. A temps perdu j’ai toujours un grand plaisir à chercher des informations sur les céramiques que j’achète mais là encore le manque de temps me frustre souvent dans mes recherches qui ne peuvent pas être très approfondies. Comme Etienne Moreau-Nélaton dans la dernière Gazette, je m'aperçois que j'ai du mal à acquérir sans comprendre, analyser et répertorier.
Mon premier réflexe est de regarder dans les ouvrages que je possède, j'ai malheureusement peu de choses sur Bigot. L’ouvrage "la création céramique du second empire à l'art nouveau" évoque sa carrière et reproduit 2 céramiques dont une assiette reprenant un motif végétal que l'on retrouverait sur les carreaux de céramique des façades ornées par Bigot.
Plus généralement je trouve que la documentation sur les céramistes art nouveau est rare ou difficilement accessible. A quand une monographie sur Alexandre Bigot par exemple?
Bref, ensuite je me plonge dans le net. Via Google, pour Bigot j’ai trouvé des sites reprenant des informations sur sa vie et sa production en particulier architecturale.
http://lartnouveau.com/artistes/bigot.htm
De ces
informations je retiens ;
-sa
formation de chimiste d'où un surnom "le chimiste"
- la
création d'une entreprise en 1897 avec 150 employés pour produire la céramique
architecturale- sa participation à la construction de l’immeuble à Paris devenu le Céramic Hôtel et situé au 34 avenue de Wagram près des champs-elysées que j’avais eu l’occasion de remarquer plusieurs fois
- sa concurrence avec Emille Muller
- sa collaboraiton avec de nombreux architectes et artistes
- son prix à l’exposition universelle en 1900
- l’arrêt de sa carrière de céramiste en 1914 à 52ans pour devenir conseiller
Souhaitant continuer mes recherches, j'ai consulté "Gallica" (bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France) pas toujours facile d'utilisation mais une véritable mine d'information, j'ai pu mettre la main sur le rapport du jury de l'exposition universelle international de 1900. Il est fait mention du "grand prix pour sa belle fabrication", l'article évoque à nouveau son parcours et ses jolis vase et gracieuses statuettes à côté des pièces architecturales.
Internet nous
permet également d’avoir une information toute relative sur la valeur de
la production de Bigot via des sites payant auquel je n’ai pas accès et les
catalogues de ventes qui remontent aux hasards du moteur de recherche. Là
encore on s’aperçoit que le marché propose régulièrement des pièces d’Alexandre
Bigot avec plus ou moins de succès.
Au final certes je me suis à nouveau écarté de ma collection de céramique de Rambervillers. Mais cet achat reste cependant cohérent avec le mouvement art nouveau que j'apprécie. En plus allez savoir pourquoi, la production de Rambervillers n'a jamais proposé de plat mural...
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